L’exemplarité et la perfection sont trop souvent associés à tort avec l’engagement écologique. Si on en croit les puristes, il faudrait non seulement changer ses habitudes en un claquement de doigt… mais aussi le faire parfaitement, sans sourciller, sans hésiter, ni se tromper. Et malheur à celles et ceux qui partageraient leurs changements sur la place publique… Au moindre faux pas, c’est lynchage gratuit à la clé.
Après le post Instagram de Tina, prof de yoga et nutritionniste, qui parle de son burn-out en cuisine, lié aux trop nombreuses injonctions (dont celle du zéro déchet) et l’épisode de podcast « En mode Slow » d’Aline de Be Chic Be Ethic sur l’exemplarité et la perfection dans la mode écoresponsable, c’est à mon tour d’aborder ces sujets en lien avec ma propre expérience du zéro déchet.
Quand j’ai commencé mon aventure zéro déchet en 2018, tout était compliqué pour moi et rien ne s’est passé comme je l’aurais voulu. J’ai déjà abordé le sujet à plusieurs reprises, dont dans cet épisode de podcast avec Hélène, mais je n’en ai pas encore fait un article de blog… C’est pour bientôt !
J’ai ouvert mon compte Instagram So’ Zéro Déchet en octobre 2018. A cette époque, je n’étais pas soutenue dans ma démarche par mes proches et j’ai découvert qu’il existait une communauté zéro déchet francophone sur Instagram. J’y ai donc trouvé refuge pour m’entourer de personnes vivant les mêmes problématiques que moi au quotidien. Petit à petit, j’ai donc décidé de partager moi aussi ma propre expérience, comme dans un journal de bord. J’ai été confrontée, pour la première fois, aux jugements des autres.
A ce moment-là, la doctrine du bocal de déchets annuels de Bea Johnson était la norme. Le milieu du zéro déchet n’était pas aussi ouvert et bienveillant qu’il l’est aujourd’hui. Même si j’ai eu la chance de construire une communauté bienveillante et ouverte, j’ai aussi eu mon lot de haters et personnes à la critique facile… Cela m’a beaucoup influencé, à cette époque, sur la façon dont je partageais mon contenu. Je me rappelle que je me mettais une pression folle pour ne pas faire de faux pas. Je scrutais les moindres détails avant de poster quoique ce soit, pour éviter toute particule de plastique ou d’emballages qui pourraient se retrouver dans le champ de mes clichés, plus si instantanés. J’avais peur du jugement des autres, je ne me sentais pas forcément légitime à partager mon avancée avec mes abonnée.e.s. Cela m’a entraîné vers cette fameuse recherche de perfection.
Quand la recherche de perfection commence à prendre le dessus
Je l’ai évoqué plus haut, ma transition zéro déchet n’a pas été une partie de plaisir, surtout au début. Manque de soutien de la part de la famille et des amis, manque de ressources et d’informations, je me suis débrouillée seule en expérimentant tout moi-même. J’ai lu le livre de Bea Johnson d’une traite et disons-le, j’ai bêtement appliqué ce qui était débité sans me poser de questions. Cela m’a valu de partir dans les extrêmes, à appliquer strictement des gestes et habitudes zéro déchet qui ne me correspondaient pas.
Cela a duré des mois, au point où j’aurais pu me dégouter du zéro déchet, tellement je m’imposais des changements et des habitudes qui n’étaient tout simplement pas faits pour moi. Du jour au lendemain, j’ai banni tous les produits chimiques de mon environnement. Je n’ai plus consommé de bananes, ni d’avocats, parce que cela venait de loin. J’ai refusé des sorties entre ami.e.s parce qu’elles allaient générer des déchets. J’ai cherché à absolument tout faire maison, tant en cuisine qu’en cosmétique et en produits ménagers. Je devenais folle au moindre échec ou raté, car cela signifiait gaspillage de matières premières ou déchets.
Je me suis littéralement renfermée dans un quotidien zéro déchet trop restrictif pour moi, mais aussi pour les personnes de mon entourage. Je bassinais mes proches en leur reprochant leur manière de faire. Autant dire que je ne cherchais pas à convaincre, mais bien à imposer mon mode de vie zéro déchet. Cela n’a pas eu d’autres effets que de renforcer leur opinion plutôt négative sur le sujet.
Quand j’ai commencé à ouvrir les yeux et lâcher du lest
Cette a période a duré 1 an et demi, soit d’octobre 2018 à mars 2020. La pandémie de Covid-19 a été à la fois une période anxiogène et bénéfique pour moi et ma prise de recul sur la perfection et le zéro déchet.
Autant tout l’aspect autour de la propagation du virus, la maladie, les masques, le confinement ont été plutôt anxiogène et difficile à vivre au début, autant cette pandémie a eu un effet secondaire positif pour moi. Elle m’a permis de prendre du recul sur mon quotidien zéro déchet et de lâcher du lest. Surprenant, non ? Peut-être pas tant que ça.
A l’heure où tout le monde redécouvrait le slow living, le télétravail et le fait maison, je me suis retrouvée à la fois dans mon élément, en direct du producteur, au plus près des artisans et du fait maison, mais aussi face à une réalité : je n’étais plus seule à gérer les courses et si pour moi le vrac et le marché étaient mes références, le supermarché était celle de mon ami. En effet, à cette époque, je travaillais exclusivement de chez moi, alors que mon copain sortait pour aller travailler. Afin de limiter les contacts et les sorties, nous avions convenu qu’il ferait les courses en rentrant du travail. Je me suis donc retrouvée partiellement à nouveau envahie d’emballages et de références de supermarché malgré moi. Au début, je l’ai vraiment vécu comme un échec, au point de ne plus partager autant mon quotidien zéro déchet sur les réseaux sociaux.
Mais contre toute attente, ce rétropédalage a eu un effet positif sur moi, car il m’a permis de réaliser que tout ceci n’était a priori que temporaire et que cela ne remettait pas en question mon implication dans la lutte contre le réchauffement climatique pour autant.
J’ai pu donc prendre du recul et me réapproprier ma propre transition zéro déchet. Alors qu’auparavant, j’appliquais tout stricto sensu, j’ai réappris à prendre du plaisir à intégrer le zéro déchet dans mon quotidien sans partir dans des extrêmes et à implémenter de nouvelles habitudes écologiques sans ressentir de contrainte.
Ces changements m’ont permis de modifier mes comportements et mes habitudes pour vivre un quotidien zéro déchet en accord avec mes valeurs et au service de mon bien-être et de ma santé.
Mon bilan
Je pense sincèrement que cette période « sombre » de ma transition zéro déchet n’est pas arrivée par hasard. Elle m’a permis de comprendre que cela ne sert à rien d’avoir un mode de vie écologique s’il ne nous correspond pas. Il est donc important de prendre conscience de ce que nous souhaitons vraiment au fond de nous, pour pouvoir agir en conséquence et vivre une vie riche au service de soi, ainsi que de son bien-être physique et mental.
L’écologie et le zéro déchet apportent beaucoup de bienfaits dans nos vies, à condition de bien les y intégrer.
Cette nouvelle perspective a également motivé un changement professionnel, puisque j’ai lancé mon activité d’accompagnatrice zéro déchet en 2022, pour permettre aux autres de ne pas passer par toutes les galères que j’ai moi-même vécues. J’allie donc mes compétentes bibliothéconomiques et de recherche d’informations à mon expérience du zéro déchet pour t’accompagner dans ta transition personnelle.
Mon but est de te faciliter la vie, en t’apportant les clés pour te construire un mode de vie écologique qui te correspond.
J’ai plusieurs offres pour t’accompagner dans toutes les étapes de ton quotidien zéro déchet, de la découverte des courses en vrac, au suivi personnalisé en ligne ou à domicile. J’organise également régulièrement des ateliers en ligne et en présentiel en Suisse romande.
Et je suis actuellement en train d’enregistrer ECO², ma formation à suivre en autonomie pour se lancer dans le zéro déchet comme un.e pro. Pour être prévenu.e en avant-première de sa sortie, tu peux t’inscrire à la liste d’attente pour recevoir toutes les informations en temps voulu.
Tu souhaites découvrir d’autres articles sur le zéro déchet ? Visite mes autres articles ou rends-toi sur Instagram ou Pinterest.
L’article t’a plu ? Epingle-le sur Pinterest !